Je donne toujours le change en public. Je souris, je console ceux qui ont besoin de l’être alors que je suis tout autant affectée par les évènements. J’ai appris selon les principes de Mme de Merteuil dans les liaisons dangereuses. Je suis une virtuose de la dissimulation.
Sauf que là j’en peux plus. Je n’arrive plus à nager à la surface. Je suis à deux doigts de la transformation de Red Hood en Joker (univers de Batman, toujours). En gros, il a perdu la boule car son cerveau ne pouvait plus faire face aux évènements qu’il venait de subir en pleine face et il a grillé et le passage dans une cuve d’acide n’a pas aidé. Par la suite, il n’a plus aucune logique, il veut juste faire ce qui le fait rire sans se soucier des conséquences (la ville à feu et à sang ? OSEF).
Mon cerveau lui aussi n’en peut plus. Chaque évènement se surajoute, et je plie. Je plie parce que je n’ai aucune prise ou parce que je livre un combat constant qui à force m’épuise.
Petit florilège
Côté boulot
Je ne supporte plus mon travail. Je ne conviens pas à ce poste, et ce poste ne me convient pas. J’ai donc postulé à d’autres job, et j’ai été retenue pour deux postes à Paris. J’en informe mon chef à trois plumes qui me donne sa bénédiction et me dit être « flexible sur le calendrier ». Je précise que je suis fonctionnaire donc quitter un poste pour un autre est un peu plus compliqué que dans le privé.
Et puis, le service RH mon administration à Paris se réveille pour les procédures uniquement en février (malgré mes relances mon harcèlement)pour une arrivée prévue au 01 mars. L’administration de province retourne sa veste et le chef à trois plumes décide de marquer sur la fiche de mobilité « avis sous réserve de remplacement impératif. Départ immédiat si certitude de remplacement sinon application du préavis de 3 mois prévu dans la loi de 2009 (mi-mai donc) ». Il a carrément crée cette case sur la fiche qui ne proposait que deux choix « favorable au défavorable ». Sauf que c’est très bête car ce n’est pas le service RH de mon administration à Paris qui décide de mon remplacement. On me parle de délais de 6 mois. Sauf qu’à Paris ils ne vont pas m’attendre 6 mois. Avec les RH de Paris on essaie de joindre le gestionnaire de mon corps, il nous dit qu’il faut l’accord explicite de l’administration de province. Et puis maintenant, silence radio. Ca pue, vraiment.
Le chef a trois plumes me fait payer le départ soudain d’un de mes collègue pour Paris l’année dernière. Lui non plus n’en pouvait plus de cette ambiance pourrie. Il est parti presque du jour au lendemain sans que le dit chef à trois plumes ne soit consulté. Et ça, ca a fait très mal à son égo surdimensionné.
Dans mon administration de province, je suis au placard. Personne ne me parle car je suis bizarre. Et puis j’ai voulu partir, comme les autres (comme c’est étonnant!). Alors je suis enfermée dans un bureau avec presque rien à faire. Si, mon chef à une plume aime bien déléguer les tâches non valorisantes. Et je n’ai même pas envie de faire quelque chose. Donc je prépare les concours dans mon coin. Et je mets de la mauvaise volonté dans chaque tâche confiée parce que faut pas pousser je vais pas me faire empapaouter avec le sourire.
Il y’a aussi cette collègue encore pire que les autres. C’est très honnêtement la pire personne que j’ai pu connaître. Et j’ai un père violent avec ma mère qui l’a menacé de mort avec un flingue s’il la quittait. Elle ment, elle flatte la hiérarchie de manière ostentatoire (mais les mecs ils ont un égo tellement énorme qu’ils en redemandent), elle écrase tout le monde. Et moi, elle ne m’aime pas. Je suis cadre, je suis jeune et je suis une femme, trois problèmes. Le pire c’est qu’elle aime faire du mal aux gens juste pour prendre son pied à les regarder souffrir, même pas parce que ça lui apporte quelque chose.
Elle est venue chez moi après une opération chirurgicale sans y être invitée. Elle a ensuite été déverser dans tout le service que chez moi ça n’est pas rangé.
Une fois sans faire gaffe mon pantalon est un peu tombé. Elle a envoyé des sms à sa collègue de bureau pour se foutre de moi alors que j’étais à côté. Ensuite elle a été commérer dans tout le service. Sans jamais rien me dire. Et elle a eu le culot de me dire que ce n’était pas vrai.
Le chef a trois plumes m’avait confié la rédaction d’une note pour le préfet. Je suis nulle à l’oral mais l’écrit je maitrise. Je lui ai envoyé cette note en copie. Elle a fait des modifications dans son coin et a ensuite envoyé sa version au chef à trois plumes. Elle s’est faite recaler car elle ne sait pas écrire. Petite victoire. Dans le même genre, elle prend des documents que j’ai préparé, écrit plein de conneries et les envoie au chef à trois plumes en mode « regardez elle ne sait pas ce qu’elle fait ».
Et elle va affirmer à tout le monde que mes pathologies c’est du chiqué, que je veux juste attirer l’attention. Ouai, c’est juste pour ça que je n’en parle pas.
J’essaie de faire mon dosser travailleur handicapé mais mon administration de province me dit que désert médical donc pas de médecin du travail. Donc impasse.
Côté concours
Je prépare les concours que je n’ai pas osé passer quand j’étais étudiante. Et quand je regarde la bibliographie, je me rends compte que les mecs qui ont écrit les bouquins c’était mes profs de l’époque. Et je me dis que j’étais vraiment conne et que je n’ai pas su saisir ma chance.
Côté santé
J’en ai marre de devoir me battre avec les médecins pour obtenir un diagnostic et le traitement adapté.
Pour mon épilepsie j’ai du attendre des mois car on m’a classé dans les « crises d’hystérie » en raison de mes antécédents de dépression.
Pour mes migraines avec aura (où je perds juste la vue et l’usage d’un côté du corps), une neurologue a eu le culot de me dire « oui vous êtes juste gênée pendant 40 minutes tous les jours, c’est rien ». Oui, ne plus pouvoir assurer les réunions et les obligations familiales au quotidien c’est juste une gêne …. J’ai du faire des recherches et quémander moi même le traitement adapté. « Oui mais il est fort celui là ! » « Et les conséquences sur ma vie elles sont pas fortes connasse ? »
Je replonge doucement dans l’envie de ne plus rien faire, dans l’envie de manger jusqu’à étouffer, jusqu’à en crever et de tout faire sortir parce que décidément je ne suis qu’une merde à me laisser aller comme ça. Je reprends mes bonnes vieilles habitudes. Parce que la douleur physique est tellement plus simple à gérer que la douleur morale. Parce que me faire vomir c’est encore la seule chose dans ma vie que je peux contrôler.
Côté PMA
Aujourd’hui j’ai du mettre une protection à cause des saignements. Le Viking m’a dit que de toute manière il n’y croyait plus, qu’il me laisse juste tenter le tout pour le tout car sinon j’allais avoir des regrets.